3000 dolmens et menhirs ont été répertoriés, uniquement dans la région de Constantine, à Roknia (actuellement dans la wilaya de Guelma). Sans compter d’autres monuments de ce type dans d’autres régions de l’Algérie. Ce qui est énorme comparativement à la France qui en compte 4500 sur tout son territoire.
Roknia, la nécropole la plus célèbre du département de Constantine se trouve à une douzaine de kilomètres au nord d’Hammam Meskoutine. Des fouilles ont été effectuées à plusieurs reprises à l’époque coloniale, dont celles de Bourguignat et de Faidherbe, en 1867 qui ouvrirent une soixantaine de tombes. Le contenu de ces tombes a été expédié en France.
Bourguignat, affirme que ces dolmens qu’il a ouverts, remontent à l’année 2200 avant Jésus Christ. (source : Bourguignat, Histoire des monuments mégalithiques de Roknia, près d’Hammam Meskoutin, Paris, 1868. Faidherbe, Recherches anthropologiques sur les tombeaux mégalithiques de Roknia, dans le Bulletin de l’Académie d’Hippone, IV, 1867.(1881), p. 1150).
Les enceintes, larges de 3 à 12 mètres, sont circulaires, selon l’usage : j’en ai pourtant remarqué une carrée. Il n’y a aucun motif de croire qu’elles représentent des bordures de tumulus aujourd’hui disparus. Elles sont faites en général d’une ceinture de blocs bruts ; mais parfois, dans les pentes, la partie du cercle qui se trouve en contre-bas comporte plusieurs assises irrégulières.
Le pavage intérieur enveloppe un, plus rarement deux ou trois dolmens, enfouis à mi-hauteur ; dans certaines enceintes, il y en a même jusqu’à cinq.
Les cases, d’ordinaire petites (1 mètre à 1,30 mètre de long, 0,60 mètre à 0,80 mètre de large), sont constituées par quatre ou six pierres, hautes d’environ 1 mètre. Beaucoup de ces blocs ont été sommairement équarris à la masse sur leur côté interne. Çà et là, de menues pierres bouchent les interstices. La table mesure 2 mètres en moyenne. On l’a souvent aplanie sur sa face inférieure.
Sur une superficie de 2 km², sur le bord et sur le flanc Nord-Ouest de la falaise jusqu’à 2,5 kilomètres de Roknia, la nécropole dolménique compte ainsi plus de dolmens que tous ceux de France réunis. A chacun des débouchés du cirque de Roknia, petites ruines romaines, sans doute des postes de surveillance. Il existe plusieurs grottes dans les alentours ; dans l’une furent trouvés des outils préhistoriques.*
Lors des fouilles de René Bourguignat en 1868, on a retrouvé à Roknia des ossements, des poteries et des bijoux, restes d’une civilisation proche de celle des dolmens en France et au Danemark.
Des restes humains ainsi que du mobilier ont été exhumés des monuments mégalithiques de Roknia. Les savants français du XIX° siècle rattachaient systématiquement ces monuments de Roknia aux Gaulois et aux Bretons. Dans les pays nordiques ils sont appelés hunebed ou hunegraf. J’ai retrouvé récemment un grand nombre de crânes de ce site au MNHN de Paris.
Source : Ali Farid Belkadi
Lien : google
Source image : https://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/1793
* Source : « Algérie », Les Guides bleus, Hachette, 1977
Stéphane Gsell, Les monuments antiques de l’Algérie, Tome I, Albert Fontemoing – Editeur, 1901